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À quelles difficultés et à quels obstacles les dirigeantes politiques doivent-elles faire face?

Brenda Robertson a été la première femme élue à l’Assemblée législative du Nouveau-Brunswick en 1970 et la première femme à devenir ministre d’un cabinet au Nouveau-Brunswick.

Qu’est-ce qui retient les femmes de se porter candidates? Parmi les obstacles auxquels doivent faire face les femmes se portant candidates à des postes politiques, le Community Engaged Scholarship Institute de Guelph, en Ontario, et d’autres intervenants sur le sujet distinguent des obstacles culturels, psychologiques, socioéconomiques et institutionnels. Les lignes qui suivent vous en apprendront davantage concernant ces obstacles.

Les obstacles culturels

 

Les obligations familiales –  Dans les familles nucléaires hétérosexuelles, il est plus acceptable qu’un homme soit à l’extérieur de sa famille qu’une femme parce que les femmes assument plusieurs responsabilités comparativement aux hommes et qu’on s’attend à ce qu’elles se soucient davantage de la vie familiale. Statistique Canada révèle que les femmes sont toujours non seulement les principales responsables de la garde des enfants, mais aussi de celle des aînés. En 2010, les femmes travaillant à temps plein au sein des couples où les deux conjoints touchaient un revenu et avaient des enfants âgés de 14 ans et moins ont assuré la garde des enfants durant une cinquantaine d’heures par semaine, comparativement à 27 heures dans le cas des hommes travaillant à temps plein.

 

Les députées provinciales Lisa Raitt et Ruth Brosseau  parlent de l’équilibre travail-vie personnelle dans le cas des politiciennes.

 

Les médias sociaux et Internet – Les politiciennes font l’objet d’intimidation et de harcèlement accrus. Cliquez sur les liens ci-dessous pour entendre quelques politiciennes parler d’expériences à cet égard.

 

 

La misogynie –  Sheila Copps, ancienne vice-première ministre du Canada dans les années 1990, relate ses expériences en politique. « La couverture médiatique des politiciens masculins était principalement axée sur leurs idées. La couverture à mon sujet s’attardait à ce que je portais ou aux personnes avec qui je sortais. Mon ton de voix et ma coupe de cheveux retenaient énormément l’attention des médias [trad.]. » Mme Copps nous signale par ailleurs que les stéréotypes sont si profondément ancrés que la majorité de nous avons du mal à reconnaître leur existence même.

Vingt ans plus tard, la même attitude persiste. Rona Ambrose, une autre ancienne dirigeante politique, affirme : « J’ai rencontré, quand j’étais une ministre influente, un homologue étranger, qui, au moment des présentations, en a déduit que mon adjoint masculin devait être moi et que je devais être l’adjointe [trad.]. »

La sénatrice Sandra Lovelace Nicholas de la Première Nation de Tobique confie : « Il faudra un certain temps avant que les hommes deviennent suffisamment femmes pour comprendre l’égalité [trad.]. »

“If politics mean... the effort to secure through legislative action, better conditions of life for the people, greater opportunities for our children and other people's children... then it most assuredly is a woman's job as much as it is a man's job.” Irene Parlby, women's farm leader, activist and politician

Voici un exemple néo-brunswickois de politiciennes qui ont dû faire face à des attitudes misogynes:  New Brunswick Women’s Council denounces political cartoon as misogynistic

La culture politique – TL’altercationisme présent en politique représente un autre obstacle culturel pour les femmes. Shauna Shames, professeure adjointe à l’Université Rutgers-Camden, nous confie : « Le discours politique et les campagnes électorales sont devenus extrêmement négatifs, acrimonieux et beaucoup trop souvent dénués de civilité. Même si l’acrimonie et l’absence de civilité semblent rebuter la majorité des citoyens et éloigner d’éventuels bons candidats de tous les sexes et couleurs, elles semblent plus affecter les femmes que les hommes, et semblent affecter le plus les femmes de couleur. »

Samara Canada a publié au cours du printemps 2017 le rapport , Personne n’écoute – L’incivilité pendant la 42e législature et la façon d’y remédier. Les répondants au sondage ont indiqué que les femmes semblent ciblées de façon disproportionnée. Un député provincial a fait remarquer : « Lorsque des ministres du Cabinet ou des secrétaires parlementaires de sexe féminin se lèvent pour poser des questions, elles se font huer bien plus souvent que leurs collègues masculins. » Le sondage a également révélé que les femmes sont plus susceptibles que leurs homologues masculins de faire l’objet de chahut portant sur le sexe, l’intelligence, l’âge, la race ou l’ethnicité et l’aspect physique.

« Je ne suis pas fragile et je ne vais pas fondre en larmes parce que quelqu’un m’a insultée, mais je n’accepte pas que notre culture politique soit celle d’un vestiaire [trad.] »  Elizabeth May, chef du Parti Vert et parlementaire

Les obstacles psychologiques

La confiance (Qui, moi?) –  La socialisation et l’apprentissage limité des femmes peuvent créer des problèmes de confiance. Le Wisconsin Women’s Council (2007) fait part de renseignements recueillis dans le cadre d’une étude de Lawless et Fox menée en 2004 et 2005. Plus de 3 700 avocats, dirigeants d’entreprises, gestionnaires, éducateurs et activistes politiques (professions précédant typiquement une candidature) ont été sondés. L’étude a révélé que les femmes partageant des caractéristiques personnelles et titres de compétences professionnelles similaires aux hommes font part de niveaux substantiellement inférieurs d’ambition politique d’occuper un poste élu. Les deux principaux facteurs expliquant l’écart entre les sexes étaient que les femmes sont moins encouragées à se présenter à des élections et qu’elles ne se considèrent pas qualifiées pour ce faire. « Malgré leur succès au sein de professions souvent à prédominance masculine, les femmes étaient toujours au moins deux fois plus enclines que les hommes à "ne pas se juger qualifiées du tout" pour se présenter à des élections, tandis que les hommes étaient plus enclins que les femmes dans une proportion d’environ des deux tiers à se considérer "qualifiés" ou "très qualifiés" [trad.]. » (p. 2)

La crédibilité –  Les femmes peuvent être considérées comme des personnes ayant moins d’expérience et être prises moins au sérieux que leurs homologues masculins. Les femmes représentent la moitié de la population active rémunérée, mais même les femmes qui ne travaillent pas à l’extérieur du foyer ne devraient pas se sentir désavantagées. [Les responsabilités familiales] devraient être considérées comme un excellent milieu de formation en ce qui a trait à l’empathie, la patience, la persistance, le fonctionnement multitâche, l’établissement du budget, la priorisation, l’anticipation des besoins d’autrui, la gestion des défis et des difficultés surgissant de nulle part, l’autonomisation des autres et la facilitation de leur épanouissement, la projection du comportement qu’on souhaite voir et l’obtention de la collaboration d’intervenants ayant des besoins et des motivations différents [trad.]. (Marika, 2016, p. 29)

« Les femmes doivent réussir deux fois mieux que les hommes pour jouir de la moitié de leur réputation. Par chance, ce n’est pas difficile [trad.]. » Charlotte Whitton, première mairesse d’Ottawa

Les obstacles socioéconomiques

La garde des enfants –  Les femmes ayant de jeunes enfants pourraient ne pas disposer de services de garde accessibles. Le temps qu’exige une campagne et les heures requises d’une politicienne après son élection peuvent faire de ce genre de besoin un fardeau économique considérable en plus d’un fardeau culturel. Voyez de nouveau les députées provinciales Lisa Raitt et Ellen Brosseau parler de l’équilibre travail-vie personnelle.

Le financement des campagnes et la collecte de fonds  Il peut s’avérer difficile pour une femme de recueillir des fonds pour sa campagne. Les hommes pourraient par exemple avoir plus de contacts d’affaires et intéresser de meilleurs donateurs éventuels que les femmes provenant de professions liées aux services sociaux. Les campagnes des femmes ont par ailleurs suscité un investissement inférieur à celui des campagnes des hommes au sein de certains partis.

Sacrifier un emploi rémunéré pour mener une campagne –  Victoria Clarke affirme que ses sources de revenus ont posé des difficultés lorsqu’elle a brigué un siège à l’Assemblée législative en 2010. Elle avait pris un congé non payé de trois mois de son travail pour se porter candidate à un moment où elle constituait le principal soutien économique de sa famille. Elle a été défaite par Margaret Ann Blaney. Lorsque Mme Blaney a démissionné de son siège en 2012, Mme Clarke n’avait pas les moyens de participer à l’élection complémentaire visant à combler le siège. (Reportage de Radio-Canada du 11 janvier 2017)

Les obstacles institutionnels

Plusieurs obstacles institutionnels dissuadent les femmes de se lancer dans l’arène politique, en commençant par l’obtention de l’investiture

Le processus de mise en candidature –  Mme Joanna Everitt, Ph.D., politicologue de l’UNB, croit que l’obtention de l’investiture dans une circonscription concurrentielle constitue l’un des principaux obstacles à l’élection d’un nombre accru de femmes. Elle explique que les sièges pouvant être remportés sont chaudement sollicités et que les électorats des partis décident souvent avant les assemblées de mise en candidature qui devrait être le candidat retenu. (Everitt, 2011, p. 6). Le candidat choisi est habituellement un homme.

Mme Sylvia Bashevkin, politicologue de l’Université de Toronto, écrit dans son ouvrage Women, Power, Politics: The Hidden Story of Canada's Unfinished Democracy, que les femmes représentent souvent des qualités de leadership que les électeurs admirent. Les femmes ont tendance à s’intéresser davantage à la collectivité et elles sont en moyenne plus honnêtes et plus dignes de confiance que les politiciens masculins. Les facteurs liés à la loyauté au parti l’emportent de loin sur les facteurs individuels comme le sexe. Les gens voteront pour les femmes si on leur en donne le choix.

Une autre politicologue de l’Université de Calgary, Mme Melanee Thomas, fait observer que le problème de base réside dans les partis politiques et leurs processus de mise en candidature. Mme Thomas a de plus constaté que les électeurs ne font pas de discrimination contre les candidates. Les comités de mise en candidature des partis sont toutefois plus susceptibles d’exercer une discrimination contre celles-ci.

Pourcentage de candidates par parti au cours de l’élection fédérale de 2015 :

In the early Fall of 2013 six out of thirteen of Canada's provinces and territories were headed by female premiers, one of whom was a lesbian. This fact might have led one to conclude that gender and sexual diversity is no longer an issue in provincial politics if were not the case that merely one year later only two of these women remained in office. Dr. Joanna Everitt, UNB-SJ

Le système électoral –  Le Conseil consultatif sur la condition de la femme au Nouveau-Brunswick a recommandé il y a plus d’une décennie que le Nouveau-Brunswick passe d’un système électoral majoritaire uninominal (SMU) à un système mixte avec compensation proportionnelle (SMCP). Il existe un lien direct entre le système électoral dit « SMU » et l’élection d’un nombre accru de femmes. Au sein d’un SMU, chaque parti peut seulement mettre en candidature une personne par circonscription et il doit par conséquent choisir le candidat qu’il juge le plus susceptible de remporter l’élection

Dans un système proportionnel, les partis peuvent mettre plus d’une personne en candidature. Les votes au sein d’un tel système sont principalement basés sur le vote populaire et les femmes sont élues plus souvent. Un rang plus élevé sur la liste représente une garantie plus solide de se faire élire. Des candidates se classeraient nécessairement parmi les rangs supérieurs.  

L’apathie des électeurs –  Une recherche sur les attitudes des Canadiens au sujet des femmes en politique révèle que nous souffrons de l’apathie des électeurs et que tant les hommes que les femmes témoignent d’une absence de préoccupation au sujet du nombre de femmes occupant des postes politiques. Cette apathie des électeurs pourrait être attribuable au système électoral.

Les élus en place –  Mme Everitt, Ph.D, traite également de l’obstacle que représentent les élus déjà en place dans son article intitulé Women in New Brunswick Politics: A province at the back of the pack. Mme Everitt explique qu’au cours de chaque élection, seule une poignée des députés élus décident de se retirer de la politique, ce qui signifie que les sièges les plus « faciles à remporter » d’un parti donné sont déjà pris. Compte tenu des statistiques existantes au Nouveau-Brunswick, ils sont occupés par un homme. Lors de l’élection provinciale de 2010, seules sept des 55 circonscriptions n’étaient pas convoitées par un candidat ayant été élu auparavant. Dans six de ces sept circonscriptions, le parti qui détenait le siège au cours de l’élection précédente a remplacé l’élu précédent par un homme. Les statistiques politiques du Nouveau-Brunswick révèlent que lorsque des candidates sont retenues pour l’élection, elles le sont dans des circonscriptions n’ayant pas été remportées au cours de l’élection précédente et que le parti est moins susceptible de remporter, ce qui rend les femmes plus vulnérables sur le plan électoral.

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